Il est 10h30, le légendaire Venice Simplon-Orient-Express vient juste d’arriver au quai n°2 de la gare Santa Lucia de Venise. Pour accueillir ses hôtes, il a revêtu ses plus beaux atours. Encore quelques instants et les voyageurs pourront alors embarquer. Sur le quai, le personnel s’affaire. Tout doit être parfait. Le directeur, le maître d’hôtel, le barman et le chef cuisinier font une haie d’honneur, le long des wagons bleus et or pour accueillir, au moment venu, les voyageurs qui, eux aussi, ont fait preuve d’élégance pour participerà ce voyage à nul autre pareil. Le rêve éveillé peut commencer. Reconnu comme une œuvre d’art, icône de l’Art Déco, l’Orient- Express représente, à lui seul, la quintessence du voyage.
Une page d’histoire
C’est en effet, le 4 octobre 1883 qu’une foule curieuse se presse sur les quais de la gare de Strasbourg à Paris, aujourd’hui gare de l’Est. Tout le monde veut découvrir cette invention qui va révolutionner le transport : l’Orient-Express.
Son premier voyage l’emmène à Constantinople. Dans ce train couchettes de luxe, les voyageurs mettent moins de deux semaines pour parcourir les 3 094 km, un record à l’époque et dans un confort absolu. Un mythe est né ! C’est à Georges Nagelmakers que l’on doit ce chef d’œuvre du rail. Il s’est inspiré des trains Pullman américains qu’il avait testés auparavant lors d’un voyage aux Etats-Unis. À son retour, il veut allier distance, confort, élégance et raffinement pour créer son propre train. Le succès est immédiat, Georges Nagelmakers fonde aussitôt la Compagnie Internationale des Grands Hôtels pour accueillir en plus les voyageurs une fois arrivés à destination. Surnommé « Le roi des trains, le train des rois », l’Orient-Express conjugue innovation et raffinement. Les cabines sont équipées avec ce qui se fait de plus moderne et de plus luxueux : chauffage central, eau chaude et éclairage au gaz, intérieur tapissé, lits impeccablement dressés et peignoirs marqués du sceau de la compagnie. Les draps sont en soie, les sanitaires en marbre, les coupes en cristal et les couverts en argent. Vingt cabines se transforment en salon durant la journée. René Lalique conçoit la décoration intérieure des wagons-restaurants avec des panneaux de verre encastrés dans des boiseries d’acajou de Cuba. L’Orient- Express devient ainsi un terrain d’expression de l’Art nouveau.
Des personnalités comme Mata Hari ou le nom moins célèbre Lawrence d’Arabie aiment à partir rêver dans les couchettes de ce train devenu mythique. La littérature, le cinéma s’empare aussi de ce nouveau lieu que l’on ne disait pas encore « branché » à l’époque. Hemingway, Kessel et même Agatha Christie y trouvent l’inspiration. Cette dernière y rencontre d’ailleurs son époux et imagine dans ses couloirs l’intrigue de trois romans dont le célèbre Crime de l’Orient- Express. En 1974 pour adapter cet ouvrage, Sydney Lumet fait appel à Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Anthony Perkins et Sean Connery qui avait pu déjà apprécier les lieux en 1963 pour un James Bond, Bons baisers de Russie. Le dernier Paris-Istanbul se lance sur les rails en 1977. Le déficit d’exploitation grandissant de jour enjour face à l’explosion de l’aviation, il est préférable d’interrompre toutes les lignes de ce train légendaire. C’est seulement en 1982 que Sir James Sherwood, alors propriétaire de l’hôtel Cipriani, reprend l’idée d’amener ses clients de l’hôtel dans un train de luxe. Sous le nom de Venise-Simplon-Orient-Express, partant de Paris, il dessert aujourd’hui Venise, Prague, Vienne, Budapest ou une fois par an Istanbul.
130 ans plus tard
Embarquer à bord aujourd’hui vous fera revivre les heures florissantes des grands express européens. Si, à cette époque, grâce rimait avec élégance, en 2013, rien a changé, c’est même avec plaisir que tous les passagers se plient au dress-code conseillé.
Ce matin-là, en pénétrant dans le long couloir paré de fines marqueteries et de laitons étincelants, Pietro, le steward du wagon B, est fier de faire découvrir leurs confortables cabines aux passagers émerveillés. Le train s’ébroue, un tour de roue, deux tours de roue, l’Orient-Express, en douceur, glisse le long du quai et quitte à jamais Venise. Le soleil a fait son apparition, le spectacle peut commencer. De majestueux paysages d’Europe vont défiler derrière les vitres panoramiques. Cinq pays différents vont saluer sur son passage ce convoi exceptionnel : Italie, Autriche, Liechtenstein, Suisse et France. Christian, le chef cuisinier a commencé son service très tôt afin d’être fin prêt avec ses acolytes dès 12h00 pour le premier service aux voitures-restaurants : Lalique, Etoile du Nord ou l’Orientale. Le voyage va être exceptionnel. Les aiguilles du temps peuvent alors faire une pause...
C.C
Venice Simplon-Orient-Express
Réservations: 0 800 913 079
www.belmond.com/fr/venice-simplon-orient-express/
L’hôtel Cipriani, une adresse de charme
Inauguré il y a déjà 55 ans, l’hôtel Cipriani, à l’accueil exceptionnel et chaleureux, fait partie des hôtels les plus prestigieux de Venise. Financé principalement par la famille Guiness, c’est surtout grâce à l’inimitable flair de Giuseppe Cipriani, un des fondateurs du maintenant trop célèbre Harry’s Bar de Venise, que l’on doit son existence. Constitué d’un ensemble de bâtiments historiques, de jardins, son architecture fut confiée à l’époque à Gérard Gallet. Tout n’y est que luxe et beauté, des boiseries admirables aux grandes baies vitrées donnant au sud sur la lagune. L’hôtel est entouré de magnifiques jardins avec une vue incomparable sur la mer. Les hôtes y arrivent en vedette privée depuis la place Saint-Marc et sont aussitôt plongés dans une atmosphère de paix et de tranquillité. Sa situation, en effet, à moins de cinq minutes du centre ville historique, fait de cet endroit un lieu unique profitant de la splendeur de Venise, mais permettant d’en éviter sa cohue touristique. Le palais Vendramin, demeure du XVème siècle, sorte d’annexe reliée au Cipriani par les jardins de Casanova, bénéficie d’une vue merveilleuse sur le Palais des Doges, juste en face, et le canal, bien sûr. Ouvert de mars à novembre sur l’île de la Guidecca, ce palace peut s’enorgueillir d’être le seul à Venise à disposer d’une piscine olympique.
Hôtel Cipriani & Palazzo Vendramin
(Belmond hôtels)
Giudecca 10
IT - 30133 Venise
