Avec les yeux de l’archange !
On ne peut qu’être ému en voyant apparaître au détour d’une route, dans la brume d’un petit matin estival ou sur la toile de fond orangée d’une fin d’après-midi automnale, cette curieuse silhouette pyramidale, ce mirage flottant au dessus de l’horizon, ce petit point noir tant attendu, point d’orgue d’un périple hors du commun.
« Moi, j’adore venir ici et depuis que je suis tout jeune ! » nous confie Antoine, un passant qui semble être, dans les ruelles, comme chez lui, ravi en plus de parler de son attachement à cet étonnant rocher. « Ce que je préfère, c‘est : arriver en fin d’après-midi alors que les touristes quittent le site, dormir sur le Mont, il y a plusieurs hôtels, et repartir le lendemain en fin de matinée quand les visiteurs reviennent à l’assaut. Passer une nuit sur le Mont, c’est extraordinaire, magique, on dirait qu’il nous appartient et en plus, c’est un voyage dans le temps qui n’a, nulle part ailleurs, son pareil ! »
Après la Tour Eiffel et l’Arc de Triomphe à Paris, le Mont Saint Michel est, en effet, le monument historique le plus visité en France. Depuis les années 700, des siècles d’histoire sont posés, là, sur l’eau, à portée de mains. Peintre, écrivain, commun des mortels, personne n’a jamais réussi à résister à son charme. Depuis des siècles, ses pierres ont supporté tempêtes et marées sans perdre de leur beauté, depuis des siècles moult pèlerinages et touristes ont poli et repoli ses pavés sans en user un seul.
« Vous avez vu, c’est le soleil couchant, venez, on va longer les remparts et observer. Comme vous pouvez le constater, ça grimpe tout le temps au Mont. Le facteur m’a donné une astuce pour ne pas se fatiguer :- les marches, c’est une question d’habitude, m’a t-il dit. Commencez doucement, ce sera plus facile. – c’est vrai ! En plus, il paraît que c’est excellent pour le cœur et les mollets. Vous voyez, l’ombre du Mont-Saint Michel va se dessiner sur le sable, la mer est basse ! Mais si la mer monte, au même endroit, le spectacle est tout aussi fascinant ! On n’est jamais déçu ».
Victor Hugo avait écrit qu’elle arrivait « à la vitesse d’un cheval au galop » et cette expression est entrée dans la légende du Mont. En fait, quand la mer monte, elle s’engouffre dans la baie, sur 500 km2, à une vitesse dépassant par endroit un mètre par seconde. Phénomène spectaculaire, le mascaret, premier vague qui déferle, au moment des grandes marées, dans l’embouchure d’une soixantaine de fleuves dans le monde, est présent, chaque jour, au Mont Saint Michel.
« D’ailleurs il faut faire très attention si l’on veut traverser cette baie. Ça peut être dangereux. Il y a, à certains endroits, des sables mouvants et si l’on ne se méfie pas des horaires des marées, on risque de se retrouver encercler. La meilleure solution est de prendre un guide à l’office du tourisme car, franchement cette balade vaut le détour… admirer le Mont en étant à ses pieds, c’est grandiose ! ».
Certes, à marée basse, la baie du Mont-Saint-Michel dévoile tous ses secrets. La faune, la flore, les reflets, les lumières...
« Et les lumières sont toujours changeantes ici, il y a des photos extraordinaires à faire ! »
Mais depuis peu, il est aussi possible d’admirer le panorama autrement. Tutoyer l’archange est désormais faisable en montgolfière, en ULM ou en avion de tourisme. Le survol du Mont et de ses abords est néanmoins réglementé et nul ne pourra pénétrer à l’intérieur d’un rayon de 3 km à partir du monument ou voler à moins de 900 m d’altitude !
« Il y a aussi une autre visite que j’ai faite dernièrement qui m’a coupé le souffle… c’est de monter tout là-haut et d’admirer ce panorama plus que grandiose avec les yeux de l’archange ! Là, on ne le tutoie pas, on… est… l’archange ! »
Alors que le Mont-Saint-Michel nous dévoile son nouveau visage et son caractère insulaire retrouvé, le Centre des monuments nationaux a ouvert de nouveau l’accès à un belvédère aussi majestueux que surprenant : les terrasses du chœur de l'abbatiale. La visite un « Dimanche dans le ciel de l’Archange » livre ainsi les secrets les plus hauts perchés, menant jusqu’à l’escalier de dentelle avec sa rampe de granit, unique passage aménagé sur un arc-boutant pour accéder au clocher.
« Moi je suis monté vraiment en dessous de l’archange…dans la flèche, tout se rétrécie petit à petit et on finit par se hisser à l’aide d’échelles et quand on débouche sur cette petite plateforme… c’est très impressionnant…on est très haut et ça souffle si fort qu’il faut bien tenir son chapeau ! Et puis, en quelques secondes, on s’y fait et là le spectacle est inoubliable ! On n’a même plus envie de redescendre ! Si le temps est clair on peut voir très loin tellement on domine tout : Cancale, Tombelaine, les îles Chausey… Mais si le temps n’est pas extraordinaire, on peut pratiquement toucher les nuages. »
Antoine a absolument raison, l’archange culmine tout de même à 170 m au dessus du niveau de la mer. Le territoire qu’il protège, cette étonnante excroissance granitique, s’étale sur 7 ha, principalement consacré à l’abbaye et sa circonférence est de 960m, ce qui oblige, si l’on veut tout voir, de se réserver un certain temps pour les visites. Le village, en lui même, est minuscule. D’ailleurs, une fois que ses visiteurs lui tournent le dos, une petite quarantaine de Montois habitent vraiment là.
« Vous allez voir, c’est quand le soir commence à tomber qu’il devient encore plus beau…enfin, c’est autre chose ! Moi, c’est comme ça que je l’aime. Déjà, il se vide… Ce sont les boutiques de souvenirs, le long de la grande rue principale, qui se ferment en premier, en commençant par celles du haut. Les visiteurs se dirigent alors vers la lourde porte de sortie. Les lampadaires prennent le relais des échoppes pour éclairer la rue, donnant de nouveaux reflets à la pierre. On dirait que l’on remonte le temps tout doucement. Quand la nuit s’est bien faufilée partout, que les lumignons scintillent tous, on est à la porte du Moyen Âge ! Le village, tout en traversant les siècles, a su garder ses allures d’autrefois. Dans les petites venelles, le silence prend le dessus. Seuls des chats font de l’animation. »
L’axe principal grimpe comme avant, entre ces maisons pittoresques dont certaines datent des XVè et XVIè siècles. Le Mont et la baie sont d’ailleurs classés au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979.
« Vous ne trouvez pas que l’on se croirait dans un décor de cinéma, c’est incroyable, non ! »
Antoine a fait des émules, d’autres amoureux des lieux ont décidé de passer, si ce n’est la nuit, tout du moins la soirée, sur le Mont. Les restaurants s’animent, bien évidemment c’est la mère Poulard qui attire le plus l’attention car, qui dit Mont Saint Michel dit « abbaye » , bien sûr, mais aussi « Mère Poulard », connue dans le monde entier pour sa célèbre « omelette ». Il est temps d’aller explorer les moindres recoins de ce gros rocher.
Au petit matin, alors que les goélands s’en donnent à cœur joie sur les murets des remparts, le village se réveille et les boutiques ouvrent un œil. Les commerçants en profitent pour se saluer et prendre des nouvelles des uns des autres. Dans quelques minutes, les premiers touristes vont arriver et envahiront la Grand Rue jusqu’au soir. « Hé ! n’oubliez pas en repartant de passer par Cancale, on y mange des huîtres incroyables. Mais surtout allez aux Maisons de Bricourt, c’est le paradis des épices. Un tour du monde des saveurs ! »
C.C
----
Office de tourisme du Mont Saint Michel
50170 Le Mont Saint Michel
+33 (0)2 33 60 14 30
Paris – Le Mont Saint Michel en hélicoptère
Départ de l’héliport de Paris, face à la Tour Eiffel, survol de Versailles, arrivée en baie du Mont.
3h15 de vol
Réservation sur www.helipass.com
Les prochaines grandes marées
20 août coefficient de 103
18 septembre coefficients de 111
Horaires sur www.mairie-lemontsaintmichel.fr
