Après le Zénith de Paris qui fit salle comble le 26 mai dernier … et en attendant la sortie de l'album hommage "Tribute Bob Marley la légende" en septembre prochain où Faada Freddy y interpréte magistralement "No woman, no cry", c’est dans un studio de banlieue parisienne, que Kronos magazine retrouve cet incroyable black dandy, philosophe, humaniste, solaire, complétement fada et si touchant !
« Gospel Journey », quel incroyable voyage pour cet album !
Un voyage au cœur de la musique africaine qui est, elle-même, au cœur du gospel. Grâce à elle, est né le négrospiritual, puis le gospel que j’ai utilisé comme base rythmique. Lorsque l’on est en transe, on se tape sur la poitrine, on tape des pieds, c’est ce que je faisais quand j’étais petit. Je me tapais sur la poitrine pour marquer le tempo.
Justement, comment la musique est entrée dans ta vie ?
Chez moi, au Sénégal, la musique était partout et chanter, c’était chanter d’abord comme ma mère. Quand elle entendait une belle musique à la radio, sa voix s’envolait et cette résonance a grandi avec moi. Ça pouvait être Otis Redding, Aretha Franklin ou en hindi car les comédies musicales de Bollywood étaient très prisées chez nous. Et puis, il y avait aussi les vinyls de mon père que j’écoutais en cachette car il ne voulait pas que la musique me distrait de mes études. Sans qu’il le sache, je chantais pour toute la famille jusqu’au jour où l’école a organisé un concours de chant et a insisté pour que je me présente. J’ai gagné le premier prix et mon père, enseignant et, de plus, digne représentant de l’éducation nationale ce jour là précisément, a dû remettre, tout étonné, le prix au gagnant. Il m’a fait promettre de poursuivre mes études sans que la musique jamais ne vienne faire d’interférences. J’ai donc passé mon bac, ai fait des études de comptabilité, par respect. Mais je lui ai demandé l’autorisation, quand le jour fut venu, d’enregistrer mon véritable premier album et de me lancer dans ce que j’aimais le plus. C’est ainsi que je suis venu en France pour la première fois, pour enregistrer du hip-hop avec mon groupe Daara J et on a fait le tour du monde. Ça marchait très bien pour nous, l’album en 2003 a même reçu le prix du meilleur album africain par la BBC.
C’est plutôt un grand écart entre le hip-hop du début et le gospel d’aujourd’hui ?
Je suis compositeur. Depuis 20 ans, je fais aussi bien du hip-hop, de la pop que des musiques de film. Mais j’étais un chanteur de soul dans mon groupe aussi quand j’ai décidé de partir en solo, je suis redevenu le vrai soul man que j’étais et immédiatement, j’ai pensé faire de la musique organique. Dans mon album, il n’y a que des voix et des percussions corporelles, c’est tout !
Mais pourtant, il me semble, tu es passionné par les instruments, n’est-ce pas paradoxal ?
Je les adore !J’ai commencé à jouer avec des guitares récupérées, c’est à dire que je confectionnais avec tout ce que je trouvais. Des planches chez les menuisiers, des fils de pêche chez les pêcheurs et de vieux pots de colle que je trouvais ici ou là. Puis je suis passé à la vraie guitare, à la basse, au piano, à la batterie, ce qui m’a permis de comprendre la musique. Mon instrument favori, il n’y a aucun doute, reste néanmoins le corps. Tout est en nous, l’univers est en nous ! C’est une langue comme une autre, avec laquelle on peut communiquer. On communique aussi avec le cœur, avec l’âme et la voix, qui est si fragile et tellement pure.
Ta voix est surtout puissante et émouvante !
Je suis sans cesse en train de la tester, je cherche tout le temps ce que je pourrais faire, ce que je n’ai pas encore exploré. Alors, avec la musique organique, j’ai l’impression de faire une musique bio !!! Je veux montrer à tout le monde que la musique est à portée de main et qu’elle appartient à tous.
« Gospel Journey » est quand même un mélange d’ancestral et de moderne …
Pour moi, ce qui est important est l’universalité de la musique. Je voulais trouver un dénominateur commun pour tout simplifier. Faire tomber les barrières, les préjugés, les différences, d’ethnies, de nationalités, de religion… Je me suis d’ailleurs beaucoup inspiré de tous mes voyages, puisant ici ou là des idées.
Il n’y a pas à dire ce street man, au look super vintage, n’est vraiment pas ordinaire. Chanteur sans frontière, métis de la musique, si l’album « Gospel Journey » est en lui-même une réussite, ce n’est rien à côté des concerts où, soir après soir, Faada Freddy et ses 5 choristes mettent le feu sur scène, emmenant avec eux un public, qui, quel que soit son âge, tombe immédiatement sous le charme. Dans une sorte de transe, chacun s’empare, à sa façon, du concert, tellement la communion est étonnante. C'est un remède contre la neurasthénie, meilleur que n’importe quelle prescription médicale ! Comme disait un de ses fans « il devrait être remboursé par la Sécurité Sociale !" Rappelez vous sa prestation aux victoires de la musique, la meilleure de la soirée !
Tu finis tous tes concerts avec la même phrase : « On est une seule famille et on s’appelle … humanité ! »
Pour moi, la scène n’est que du plaisir. Entendre les gens chanter, c’est fort… quand on chante tous ensemble, on parle le même langage, il n’y a aucune différence entre nous ! En plus, moi, je suis juste un passeur, je chante et je partage les émotions.
Faada Freddy, ça vient d'où ?
Faada vient de mon vrai nom Fatha, c’est un argot de « father » et Freddy pour Freddy Mercury ou Freddy Mac Gregor que je chantais tout le temps si bien que mon oncle m’appelait Freddy !
Et ton look de dandy chic ?
J’adôôôre le look des années 30… Mon chapeau melon et ma canne me suivent partout.
Sur la pochette de Gospel Journey, les deux jeunes filles ont une histoire…
Ce sont des jumelles. Chez nous, c’est porte-bonheur. Pour moi, elles sont le yin et le yang car elles symbolisent l’équilibre. Du sérieux et de la folie, pas trop mais pas moins ! La folie est salutaire, il faut la protéger, sinon on entre dans une grille formative et on te dit ce que tu dois être et non ce que tu es. Tu suis comme un mouton et ce n’est pas bon, tu dois écouter ton cœur et avoir un peu de folie dans la tête.
Parle nous des projets qui te tiennent à cœur justement. Tu souhaites aider le continent africain ?
Tout d’abord, je voudrais construire une école d’art près de Dakar et continuer à soutenir les enfants du "Village Pilote" qui est une association qui endigue la problématique des enfants des rues au Sénégal, à soutenir également "Lueur d’espoir" qui s’occupe des enfants atteints de cancer. J’essaie de faire le maximum. Dès que je peux, où que je sois, je parle d’eux pour sensibiliser les gens aux problèmes de l’Afrique. Mais j’ai un autre grand projet …
Lequel ?
C’est d’être heureux ! La kiffologie active, tu sais ce que c’est ? C’est l’art de kiffer le moment présent … Ça a l’air simple … essaie, tu verras, c’est un exercice magique ! De plus, la scène me prouve que l’on peut aller au bout de ses rêves…je le vis chaque jour. Le public me donne tant ! Que du bonheur ! Surtout n'oublie pas : le soleil est en nous !
Christiane Calonne
Quelques dates à venir
- le 15 octobre : Festi'Val de Marne
- le 28 octobre : Saint Malo
- le 1er décembre : Saint-Etienne
- le 2 décembre : Lausanne
- le 13 décembre : Courbevoie
- le 31 mars : Villejuif
Toutes les autres dates sur http://faadafreddy.com
