Les montres chronographes ont leur stars propres. Zenith El Primero, Heuer Autavia et autre Speedmaster par exemple, mais il en est une qui truste toutes les conversations : La Rolex Daytona.
Le mythe made in Rolex fait encore aujourd’hui couler beaucoup d’encre dans le monde horloger, et si elle n’est pas allée sur la lune, ses prix à la revente (voir même aux enchères) frôlent parfois la mésosphère. Montres riche d’histoire et de performances, elle est encore de nos jours un incontournable des amateurs du monde entier.
Aussi, pour marquer l’année 2023, partons pour un retour rapide sur les 60 ans de succès du chronographe couronné.
Daytona, c’est quoi ?
La piste de Daytona Beach dans les années 30
Pour ceux qui auraient savamment esquivé l’actualité automobile du dernier siècle, autant reprendre depuis le début.
Les grandes plages de sable lisse de Daytona Beach, en Floride, sont à l’époque de l'après-guerre des roaring twenties un des endroits majeurs pour les records de vitesse. Régulièrement, les courses acharnées dont raffolent les pilotes les plus téméraires enchantaient le public.
L’un d’entre eux agite déjà la sphère sportive dès les années vingt, et s’y illustre tout particulièrement : Sir Malcolm Campbell. Ce nom vous est peut-être inconnu aujourd’hui, mais ce pilote britannique superstar (et un peu fou, comme tout bon pilote) battit en tout 5 records de vitesse sur la piste américaine entre 1928 et 1935, allant jusqu’à dépasser les 430 km/h !
Sir Malcolm Campbell à bord de sa Campbell-Raiton Bluebird, avant son 4e record en Floride
Ces exploits attirent l’attention d’un autre homme ayant ses activités au Royaume-Uni : Hans Wilsdorf, dont le génie marketing avait déjà saisi l’importance des “ambassadeurs”. L’idée d’un partenariat se confirme, d’autant plus que le concept avait été assez fructueux avec la nageuse Mercedes Gleitze auparavant, pour promouvoir les boîtiers Oyster lors d'une traversée de la manche à la nage.
Campbell finit donc par apparaître en course Rolex au poignet, voire même dans certaines publicités pour la marque. La consécration arrive plus tard, en 1962, lorsque Rolex devient officiellement sponsor de la course. Le mythe horloger prend naissance l’année suivante…
Les premiers chronographes “Daytona” et la référence 6239.
Les premières Rolex estampillés “Daytona” naissent donc en 1963, nom de code 6239. Les bases de cette phase initiale sont simples et robustes : boîtiers et bracelets acier et calibre valjoux 72 (badgé Rolex 722). La montre est un outil, par un accessoire d’apparat.
La première différence que l’on note avec les autres références “pré-daytona” existantes à l’époque, c’est l’échelle tachymétrique placée directement sur la lunette. Mais le plus grand changement visuel, ce sont bien sûr ces sous-cadrans contrastants “panda” ou encore “reverse panda”.
Références et déclinaisons vont ensuite s’enchaîner rapidement, allant du plus classique aux modèles or et diamants ou estampillés “khanjar”. Le véritable graal de beaucoup de collectionneurs reste malgré tout les références équipées du célèbre cadran “Paul Newman” ou “exotique” que l’on retrouve par exemple sur les modèles 6241.
La première phase de la daytona durera jusqu’à la fin des années 80, ou le chronographe de Rolex, rattrapé techniquement par la concurrence et en perte de vitesse (le comble !), se doit de faire évoluer son icône. La marque à la couronne se tourne donc vers un spécialiste du mouvement chronographe : Zenith.
Rolex Daytona 6239 de 1968 (credit : Lunar Oyster)
Le renouveau de la Daytona, made in Zenith
L’année 1988 marque donc la venue de la seconde phase de la Daytona, celle des références à cinq chiffres : 16520.
Les “Zénith Daytona” passent donc à l’automatique, grâce à leurs nouveau calibre 4030 basé sur le célèbre El Primero 400. Mais attention, les retouches sont profondes. Ponts, rotor, spiral comme fréquence (revue à 4 hz au lieu de 5), tout est revu et corrigé afin d’assurer une fiabilité et une précision hors pair. Ajoutez à cela une étanchéité théorique à 100m, et vous obtenez le chronographe quasi parfait !
La Daytona Zenith verra sa carrière aller de 1988 à l’an 2000, et aura elle aussi de nombreuses déclinaisons modifiant lunettes, métaux et cadrans.
Elle reste aujourd’hui assez prisée des collectionneurs, et voit sa cotation évoluer de 30000 euros pour les pièces les plus récentes à 40000 euros (avec boîte et papiers) et plus pour les pièces issues des premières séries. Tout cela sans compter les modèles en métaux précieux ou les patines “Patrizzi”, pouvant influer sur les prix en dépassant parfois les 50000 euros.
Face à la récente correction des marchés, il est toujours bon de savoir que ce type de pièce garde une cotation stable, voire même en légère hausse.
Echantillon de Daytona "Zenith" (credit : The Blackbird Watch Manual)
L’arrivée du mouvement manufacture
Le salon BaselWorld de l’année 2000 voit arriver le premier mouvement manufacture de la Rolex Daytona, sous la forme du sobrement nommé calibre 4130.
Mais que propose-t-il de plus, ce fameux calibre manufacture ? Et bien rien de plus qu’une certification COSC, une réserve de marche propulsée à 72h et un nouveau spiral.
Parmi encore d’autres joyeusetés sur ce nouveau modèle, on retrouve une couronne Triplock et des poussoirs vissés revus et corrigés pour une étanchéité assurée, de nouveaux index en or et un revêtement superluminova.
Forte de 16 ans de carrière, celle référence 116520 installera profondément la montre dans le rang des pièces de prestige, parfois aux frais de certains présidents de la république que la bienséance nous empêche de nommer.
Les innovations techniques se poursuivront sur ce modèle qui performera tout au long des années 2000 (revêtement chromalight, spiral parachrom, etc…).
Aujourd’hui, un modèle en acier de cette génération avec boîte et papiers voit ses cotations évoluer entre 25 et 30000 euros, et il est bon de noter qu’à l’inverse de sa prédécesseure, cette troisième phase de la mythique Daytona a été impactée par la récente correction des marchés et subit toujours les effets d’un cour à la baisse.
(crédit : Fratello watches)
Dernière née : la Daytona 116500LN
C’est le modèle qui a tant fait couler d’encre l’année dernière, celle pour laquelle les boutiques officielles ne prennent parfois plus de commandes tant la demande est forte : la référence 116500LN.
Introduite en 2016 et quasi-immédiatement indisponible face aux listes qui s’allongent, ce nouveau chrono doté d’une lunette Cerachrom complètement inrayable ne connaît que le succès depuis lors. Côté technique, rien de nouveau sous le soleil tant la formule est bonne, et les déclinaisons se jouent surtout sur les métaux précieux et bracelets Oysterflex.
Face à l'envolée des prix post-covid, ce modèle a parfois atteint des sommes stratosphériques (presque 3 fois sont prix neuf !). Face aux listes longues de plusieurs années, la seconde main et la spéculation on fait de cette pièce un must-have des investisseurs…du moins jusqu’en 2022, où le retour à la réalité fut rude.
A l’heure actuelle, et après des corrections ayant engendré des baisses aussi rapides que fulgurantes (jusqu’à 15000 euros en moins d’un an), le modèle star de Rolex revient dans des eaux de prix plus raisonnées, tout en gardant un excellent statut d’investissement Avec des cotes encore 2 fois supérieures au prix boutique. Comptez dorénavant 30/31000 euros pour un cadran noir, et un peu plus de 32000 euros pour le cadran blanc, avec boite et papiers bien entendu.
Rolex 116500LN (crédit : Monochrome Watches)
Avec ou sans spéculation, la Daytona reste une des montres les plus célèbre de l’histoire et sans doute le plus mythique des chronographes que l’industrie horlogère ait produit.
Toujours aussi demandée, et par conséquent inaccessible pour beaucoup, les questions se posent sur l’avenir de la production chez Rolex (censé ouvrir un nouveau site de production d’ici quelques années), mais également sur les futures déclinaisons du célèbre chronographe qui fête cette année déjà ses 60 ans de carrière. Une chose est sûre : la légende perdurera !
(Crédit couverture : Hodinkee)